L’ HAMON, LA BRUTE ET LE TRUAND
- murgiertonio
- 23 févr. 2017
- 3 min de lecture

Je bullais sur mon canapé et l’envie m’a pris de mater un film. Donc je zappe sur BFMTV, cool un western rempli de cowboys sévèrement urnés :
Le Con, la Brute et le Truand.
Bande noire en haut et en bas, au milieu ça sent l'ail et le gros rouge en Technicolor. Le film a commencé depuis un bon moment mais qu'à cela ne tienne, j’aime bien l’odeur du crottin de cheval.
C'est la scène finale. Sur une place hexagonale, au beau milieu d’un cimetière, les trois héros sont là. Autour, ce n’est plus que désolation. Entre les pierres tombales et quelques cactus, le vent fait tournoyer des nuages de micro-particules. Cachée quelque part, enfouie dans une tombe, il y a une caisse remplie de bulletins de vote. Celui qui la trouvera aura accès à la fonction suprême. Mais pour pouvoir devenir Chef des Peones il va falloir liquider les autres.
Il fait chaud, très chaud. La sueur coule le long des oreilles pointues. Gros plan sur une baston de regards, la Brute plisse les yeux, une mouche disparaît dans les sourcils du Truand et le Con, en a juste l’air. Musique !
Le Con dans son poncho beaucoup trop grand pour lui, a un gros problème. Il a perdu, à droite et à gauche, des morceaux de son flingue. Le maquereau lui a piqué la crosse et Gaucho Marx ne veut pas lui rendre le canon. Il ne lui reste que le barillet et une balle toute verte. C’est très peu pour gagner la guerre et ses rêves de distributions de pesos universels commence à partir en fumée, comme celle du petit joint qu’il mâchonne au coin des lèvres. Il sait qu’il va prendre le bilan de la gauche entre les deux yeux et rouler dans la poussière. Poussière tu es, à la poussière tu retourneras.
La Brute trépigne. La patience n’a jamais été son fort. Dans son uniforme noir et sous ce soleil elle ne serait pas mécontente que cela se termine vite. La Brute est brute de père en fille. Elle ne sait rien foutre d’autre que d'être Brute. Quand on est bon Aryen on devient brute. Elle tape sur tout ce qui bouge mais surtout dans les caisses de l’Europe. Ses mèches blondes lui collent au Front. Elle veut en découdre et pour ça elle a toutes sortes de balles : des balles pour les émeutes, des balles pour les migrants, des balles pour ceux qui ne sont pas assez clairs, des balles pas perdues pour tout le monde, des balles musettes, des balles mosquées, des balalaïkas, des ballons prisonniers, même pour son père, la Brute a des balles. Son Luger en est chargé à ras la gueule. Et elle meurt d’envie de s’en servir.
Si la Brute gagne, elle tuera tous ceux qui n’auront pas eu le temps de fuir le pays, puis, envahira la Pologne.
Reste le Truand, serpent à sornettes avec un costume à rayures, de gros sourcils et une gueule d’huissier. Depuis plusieurs semaines il est en cavale. Il ne fuit pas à cause d’un truc qu’il a fait, mais pour un truc que sa femme n’aurait pas fait. S’il veut sauver sa peau il doit à tout prix liquider les autres. Quand il sera Chef il sera intouchable et pourra enfin troquer ses fringues de taulard contre le bel habit blanc. Mais ça ne va pas être facile. Premièrement, il traîne accroché à la cheville un gros boulet qui le ralentit. Deuxièmement, si au début du film il avait en poche un flingot gros comme un bazooka, un machin à vous pulvériser le plus balèze des ennemis, maintenant c’est avec un lance-pierres qu’il va devoir se battre.
C’est bientôt la fin du film et pourtant c'est quand s’affichera le mot Fin que l’histoire commencera vraiment. Ils sont là, le doigt sur la gâchette, on peut déjà sentir le sang. Il ne serait pas étonnant que pendant qu'ils s'étripent un quatrième larron leur pique l’affaire mais il faut faire parler la poudre. Le suspense est à son comble lorsque...
La télécommande tombe, la chaîne change. Tiens, House of cards sur LCI… c’est pas mal non plus.
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